Alors que je croyais aux promesses de Nicolas Sarkozy lors de ses multiples interventions pré-électorales… Notamment, nous buvions confiants sa rengaine très marketing "réconcilier les français avec le travail"…
Et bien, aujourd'hui, nous assistons exactement à la situation inverse : dégoûter ceux qui travaillent déjà…
Juste avant que la loi sur le temps de travail des cadres passe au Sénat, j'avais écris le mail suivant à une sénatrice, pour faire part de ma stupéfaction…
Mais aucune réponse, silence radio, aucun pilote dans l'avion… De quoi se poser des questions sur l'intérêt d'avoir un Parlement.
Ci-dessous le mail que j'avais envoyé, une contribution très modeste à l'indignation que va bientôt générer cette nouvelle loi sur le temps de travail à la rentrée…
"Pour être brève, cette loi est choquante en 6 points :
- Une extension des jours travaillés qui va bien au-delà de la suppression des RTT… Le plafond légal du nombre de jours travaillés ayant été porté à 235 jours, les entreprises pourront exiger des cadres qu'il travaillent même les jours fériés (excepté le 1er mai ). Pourquoi être aller aussi loin ?
- Une discrimination injustifiée entre les salariés au forfait et ceux dont le travail est comptabilisé à l'heure. La loi propose une majoration de 10% pour les jours travaillés supplémentaires des cadres au forfait. Pourquoi avoir choisi une majoration légale de 10%, alors que les autres salariés soumis aux 35 heures bénéficient, en l'absence d'accord d'entreprise, d'une majoration de 25% pour les 8 premières heures supplémentaires et de 50% au-delà. Pourquoi une telle différence de traitement ?
- Une vision peu évoluée du travail des cadres. Axer toute la productivité d'un cadre sur le nombre de jours travaillés, cela revient à favoriser une culture quantitative du travail, et à oublier celle du résultat. Ce n'est pas la quantité d'heures travaillées qui garantit l'efficacité d'un salarié, mais la qualité de son travail et sa motivation.
- Une remise en cause des fondamentaux du droit du travail et de la négociation collective. Ce projet de loi remet en cause la hiérarchie des normes du droit du travail : pourquoi un accord d'entreprise primerait sur une convention collective ? C'est favoriser l'arbitraire et surtout, fragiliser les salariés travaillant dans de petites structures.
- Une mesure peu libérale… Si le forfait jour est fixé par un accord d'entreprise, le salarié cadre ne pourra pas refuser les jours supplémentaires de travail. En cas de refus, il pourra être licencié. Ce qui revient à fragiliser notamment les femmes cadre mères de famille…
- Un projet de loi qui ne va pas dans le sens de la conjoncture économique. Rien ne prouve que cette nouvelle mesure favorisera la croissance économique. D'ailleurs, cela pourrait même ralentir la consommation des cadres.
Pour toutes ces raisons, les cadres sont particulièrement inquiets par ce projet de loi. D'autant plus, que ce projet de loi ne tend pas à améliorer leur pouvoir d'achat : 10% de majoration est-ce vraiment incitatif ? Exemple : pour un salaire de 45 000€ brut, si un cadre travaille 13 jours de plus dans l'année : cela lui apportera juste environ 2545 euros annuel, auxquels il faut retrancher les charges sociales et l'impôt sur le revenu… Ce qui est bien faible par rapport aux excellents dispositifs que sont : la participation, l'intéressement et l'épargne salariale."
De toutes façons, l'objectif du Gouvernement n'est pas d'améliorer le pouvoir d'achat des salariés, d'autant plus qu'ils souhaitent taxer la participation, l'intéressement, et autres niches sociales comme les tickets restaurant… Bref, il ne restera plus rien aux salariés.
Seule issue, si ces mesures passent : partir de la France et la laisser devenir un pays de vieux, tiers-mondiste…